Si la réflexion sur les caractéristiques et la définition (introuvable !) des systèmes complexes a été engagée par les mathématiques, la cybernétique et la physique, il y a plusieurs décennies, la réflexion sur la complexité des systèmes linguistiques est récente et ne fait pas encore l’objet d’une réflexion généralisée. On peut cependant admettre que toutes les langues naturelles humaines sont complexes dans la mesure où chacune d’elles est constituée par un grand nombre d’unités en interactions qui ne permettent pas à un observateur de prévoir et encore moins de calculer quelle en sera l’évolution ; chaque langue est ensuite caractérisée par un fonctionnement particulier, déterminé par une grammaire unique, ayant un type de complexité spécifique. Si l’on accepte le postulat qu’une langue est un domaine complexe particulier alors de nombreuses questions doivent être résolues et c’est pour amorcer cette réflexion que ces journées sont conçues.
Que recouvre le concept de complexité appliqué à la langue ? Décrit-il une réalité objective que l’on peut tenter de mesurer, quelle que soit la langue ?
La « complexité » en langue s’oppose-t-elle à la « simplicité » ? Ou bien, une solution intermédiaire ou alternative doit-elle être envisagée ?
Le concept de « complexité » renvoie-t-il nécessairement à la difficulté expérimentée par le locuteur ? Dans ce cas, la difficulté éventuelle concerne-t-elle l’apprentissage d’une langue étrangère ou également la pratique des natifs ? La diversité des pratiques et des locuteurs est-elle en corrélation avec la gestion différente de la supposée complexité du système ?
La complexité du système s’acquiert-elle ? Si oui, comment et pourquoi ? Cela implique-t-il qu’il y ait des états de langue plus complexes que d’autres ?
Tous les niveaux de la langue sont-ils concernés par le concept de complexité ? La complexité morphologique ou syntaxique est-elle de même nature que la complexité sémantique ?
D’autres systèmes complexes peuvent-ils éclairer la nature de la complexité linguistique ?
Les conférences se feront toutes en séance plénière et dureront 40 minutes suivies de 10 minutes de questions.
Programme
Lundi 2 juillet 2012
Accueil : 13h30
Ouverture des journées : 14h-14h20
Claire Martinot
Présidente de séance : Danielle Leeman
14h20-15h10
Clara Romero (Université Paris Descartes, MoDyCo, UMR 7114) Comment le sens peut-il être complexe ? L’exemple des comparaisons intensifieuses
15h10-16h00
René-Joseph Lavie (Université Paris Ouest, MoDyCo, UMR 7114) Si la métrique du logiciel éclaire la question de la complexité en linguistique
16h30-17h20
Armelle Jacquet-Andrieu (Université Paris Ouest, MoDyCo, UMR 7114) Complexité et Langage en relation avec la conscience
17h20-18h10
Sonia Gerolimich et Sara Vecchiato (Université de Udine, Italie) La complexité du langage médical et les stratégies de simplification pour une meilleure accessibilité de l'usager
Mardi 3 juillet 2012
Présidente de séance : Sarah Leroy
9h30 - 10h20
Paolo Ramat (Université de Pavie, Italie) De la complexité des langues. À propos de l’axiome ‘ALEC’ (All Languages are Equally Complex)
10h20 - 11h10
Amr Ibrahim (Université de Franche-Comté & Université Paris-Sorbonne) Une mesure unifiée de la complexité linguistique: l'analyse matricielle définitoire
11h40 - 12h30
Danh Thành Do-Hurinville (INALCO, MoDyCo, UMR 7114) Pourquoi les phénomènes de grammaticalisation dans une langue isolante rendent-ils l’apprentissage de cette langue particulièrement difficile ? Le cas du vietnamien
Président de séance : Amr Helmy Ibrahim
14h30 - 15h20
Didier Bottineau (Université Paris Ouest, MoDyCo, UMR 7114) Complexité et simplexité en morphosyntaxe du breton
15h20 – 16h10
Nizha Chatar Moumni (Université Paris Descartes, MoDyCo, UMR 7114) Le cycle de la négation en arabe marocain
16h40 – 17h30
Claire Martinot (Université Paris Descartes, MoDyCo, UMR 7114) La complexification des énoncés est-elle nécessaire à l’acquisition de la langue maternelle ?
17h30 – 17h50
Colette Noyau (Université Paris Ouest, MoDyCo, UMR 7114)
Point de vue final